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Nouveautés Publié le 8 juin 2023

Les matières précieuses font les beaux jours du marché de la lingerie et du prêt-à-porter

Portées par le repli sur le ‘made in’, les matières précieuses ont une belle carte à jouer pour les saisons à venir.

UN MARCHÉ PORTEUR

CHANTY DENTELLES

C’est une très bonne nouvelle que le marché de la lingerie attendait : la demande de matières luxueuses a été sans précédent en 2022. Cela n’était pas arrivé depuis longtemps. Certains de nos clients lingers affichent une croissance à deux chiffres, bien mieux que les clients du pret-à-porter ou meme de la Haute Couture’ , s’enthousiasme Franck Léveque, à la tete de la grande maison de broderies éponyme. Il n’en faut pas plus pour voir les broderies Leveaux se réjouir et enfoncer le clou : ‘Nous profitons pleinement de l’achat ‘sortie de crise’, l’achat plaisir. Nous développons notre offre lingerie qui atteint désormais 60% de notre chiffre, confie Benjamin Leveaux. L’envolée des commandes de Leavers fait les beaux jours des dentelliers français : ‘La crise n’a pas touché le marché de la lingerie qui profite de la poussée du Made in France. Quant au marché du pret-à-porter, on sent un redémar- rage post-covid depuis le début de l’annéeé, note Edith Vallat, directrice artistique chez Sophie Hallette. Tous les dentelliers européens, français, allemands ou italiens, qui jouent la carte du ‘made in’ se frottent les mains. D’autant plus qu’au-delà de facteurs purement conjoncturels, un phénomène sociologique se fait sentir comme l’explique Zoya Rutskaya-Sebek, directrice générale de la transformation chez le dentellier allemand Chanty : ‘Les acheteuses de 20/25 ans, qui jusque-là portaient surtout de la lingerie confort en microfibre, entrent sur le marché de la dentelle. Elles adorent les matières précieuses de nos grands-mères et optent pour des dentelles plutôt classiques au design simple’. A l’inverse des 30/35 ans qui s’orientent sur des dentelles modernes aux motifs plus contemporains.

 

PLUS CRÉATIFS QUE JAMAIS

LEVEAUX

De mémoire d’esquisseur, jamais le marché des belles matières n’avait osé etre aussi créatif. ‘Nous introduisons des fils plus luxueux encore dans notre gamme Leavers avec du lurex et d’autres fils métallisés que nous glissons en petites touches discrètes’, précise Albert Ryckeboer, esquisseur en dentelles chez Noyon. Adeline Sapin, directrice artistique de la maison Solstiss, choisit de développer sa gamme de dentelles stretch : ‘Les lingers ne regardent pas le prix. Ils veulent des choses uniques et cherchent des Leavers élastiques avec des dessins abstraits, animaliers ou géométriques et des grandes largeurs qu’ils ne trouvent pas ailleurs’, note-t-elle sans de sans cacher son envie d’aller plus loin avec de nouvelles Leavers stretch enrichies de fils métalliques. Le marché de la lingerie qui représentait 5% des activités du dentellier Jean Bracq il y a 5 ans, est passé à plus de 35% aujourd’hui. ‘Cela nous permet d’attendre le retour du marché de la robe de mariée notamment’, ajoute Julien Bracq. Grand exportateur, et pénalisé de fait par les incertitudes du marché mondial, le dentellier de Caudry renforce ses activités sur l’hexagone et multiplie les développements en broderies et guipures avec les partenaires locaux. ‘Nous innovons avec des bandes travaillées spécifiquement pour la lingerie, avec des Leavers à motifs droits et gauches, très délicats à réaliser’, signale Julien Bracq.

 

DES EFFETS BÉNÉFIQUES

CHANTY DENTELLES

Depuis quelques mois, le marché du pret-à-porter semble frémir sous la dynamique du marché de la lingerie avec une demande croissante de développements propres : logos, sigles, dessins spécifiques en lien avec l’ADN de la marque. ‘De nombreux acteurs du PAP utilisent les dentelles développées pour les lingers. Aujourd’hui la lingerie devient l’acteur principal du marché de la mode. C’est un bien pour le marché du pret-à-porter qui se cherche ‘affirme Edith Vallat chez Sophie Hallette. Le marché de la lingerie, très novateur en termes de formes et de placement de la dentelle, l’inspire. La créativité s’interprète aussi dans des versions plus décontractées : chez Noyon, la gamme de dentelles jacquards tricotées sur métiers Karlmayer se veut moins ‘uxueuse’ avec des qualités all-overs bistretchs d’esprit plus sport ou des motifs art déco plus modernes. Chez les brodeurs aussi, l’heure est à la création sans borne : reconnue pour sa créativité, la maison Lévque double ses propositions de dessins et innove avec des broderies métallisées ou pailletées. Comme une évidence, la création est désormais aussi noble que responsable : les développements de dentelles ou de broderies intègrent systématiquement ou presque des matières certifiées et des cotons bios.

 

DES INVESTISSEMENTS JUSTIFIÉS

LEVEAUX

Alors que l’année 2023 laisse planer des doutes avec l’ombre de mois plus compliqués compte-tenu d’une inflation qui pourrait, dès le premier trimestre, grimper en France jusqu’à 7%, l’heure n’est pourtant pas au pessimisme. Loin de là. En investissant dans des métiers plus perfor- mants, dentelliers et brodeurs ont pris les devants. Objectif : améliorer la productivité et la réactivité. Chez Jabouley Dentelles, la modification du système électronique des métiers jacquards Karlmayer a permis de fiabiliser la production en améliorant encore la qualité, orientée 0 défaut. Maison Léveque a réduit le nombre de ses machines à broder, de 12 à 9, mais en augmente la productivité grace à un fonctionnement nettement plus rapide. ‘Il y a un signe encourageant qui ne trompe pas, signale au passage Franck Léveque : nous relivrons au Portugal ce que nous ne faisions plus depuis des années, ainsi qu’au Maghreb, et nettement moins en Asie’. Sophie Hallette a fait rentrer deux nouveaux métiers jacquard Karlmayer de dernière génération beaucoup plus performants, destinés en priorité aux gros clients. Quant aux broderies Leveaux le parti pris a été d’investir en 2022 dans l’ennoblissement avec la création d’un vrai pole ennoblissement totalement intégré. Ajouter de la valeur aux produits, sublimer la matière, faire de nos broderies des articles d’exception, c’est là notre vrai métier, conclut Benjamin Leveaux.