La lingerie face à l’économie circulaire : le cas de la réparation
Allonger la durée de vie des produits tout en ouvrant de nouvelles opportunités : une perspective vertueuse pour l’avenir de la filière.
À l’heure où l’inflation et la prise de conscience des problématiques écologiques influencent de plus en plus les comportements d’achat, ce sont tous nos modes de consommation qui évoluent et poussent tous les secteurs, y compris celui de la lingerie, à proposer des produits plus durables. La Fédération de la Maille, de la Lingerie et du Balnéaire était au Salon International de la Lingerie pour échanger à ce sujet avec Margaux Plus, cofondatrice d’Abracadabra Lingerie.
Des modes de consommation en pleine évolution
« Dans un contexte économique un peu morose, on épargne plus, on dépense moins. » souligne Olena Kokov, représentante de la fédération. « Ces comportements risquent de perdurer dans le temps, il faut donc réfléchir à la durabilité des produits, aux innovations technologiques, à quels nouveaux services le secteur peut proposer. » Selon une étude de l’Institut Français de la Mode, 68% des consommateurs ont en effet vu leurs habitudes impactées par l’inflation, se tournant désormais vers des produits moins chers, ou réduisant simplement leur volume d’achat. Comment, dans ce contexte, favoriser une économie circulaire et vertueuse, qui bénéficierait à la fois le secteur et les consommateurs ?
Réparer pour mieux durer
Pour Margaux Plus, la réparation était une piste évidente. Elle a cofondé Abracadabra Lingerie, première plateforme dédiée à ce type de service, qui propose également de la lingerie en seconde main. « Une alternative responsable, puisqu’on ne produit pas de nouvelles matières et qu’on propose de la qualité à des prix abordables » dit-elle. Avec des couturières formées à la réparation et à la remise en état de produits de seconde main, la plateforme garantit une bonne longévité aux produits qui passent par ses services.
L’idée est née d’un constat simple : « Nous avons toutes des soutien-gorges abîmés ou trop petits dont on ne sait plus quoi faire, qui trainent dans nos placards. Beaucoup de femmes ont aussi un soutien-gorge fétiche, qu’elles peinent à abandonner lorsqu’il commence à s’abimer.» Abracadabra propose de les collecter, de les réparer, et de remettre en circulation les articles dont les consommatrices ne veulent plus. Tout est contrôlé, expertisé et vérifié afin que la lingerie réparée offre un maintien aussi efficace qu’un produit neuf. La plateforme propose également ses services en B2B, pour remettre en état les stocks de marques défectueux. Une façon de prolonger sa démarche à l’échelle de l’industrie.

Faire bouger les lignes du marché
« La réparation n’est pas qu’une tendance de service, c’est une véritable démarche RSE. » remarque Sterenn Lerède, de la Fédération de la Maille, de la Lingerie et du Balnéaire. « Chaque article réparé rallonge sa durée de vie tout en réduisant son empreinte carbone, et en limitant l’utilisation de nouvelles ressources. Cela représente également un bénéfice au niveau de la garantie légale de conformité, qui peut être prolongée de deux ans. »
Et une avancée considérable sur la route de l’écoconception, qui permet aux marques de mieux identifier les défauts de leurs produits, et d’œuvrer à les consolider. Un cercle vertueux qui pourrait bien, à terme, faire bouger les lignes du marché. Notamment grâce au Bonus Réparation, un dispositif mis en place par l’éco-organisme Re-Fashion, qui finance une partie de la réparation des vêtements des consommateurs via un réseau de professionnels labellisé. D’abord exclue du dispositif car considérée techniquement trop complexe, la lingerie devrait bientôt l’intégrer, et ainsi élargir encore plus les perspectives de la filière, vers un système plus vertueux qui bénéficierait ses acteurs autant que les consommateurs.