Innovation et écoresponsabilité : les nouveaux défis
Du nylon au cuir en passant par le skinwear, trois cas pratiques illustrent les nouveaux mouvements de l’industrie textile vers un avenir plus responsable.
Le dimanche 8 septembre dernier, trois acteurs de l’éco responsabilité étaient réunis sur le forum d’Interfilière Paris pour échanger. Au programme : l’avenir d’un secteur qui, les dernières années l’ont montré, ne peut plus faire l’économie d’une création durable. Une conversation certes bien installée, mais qui demande une mise à jour permanente, ainsi qu’une application stricte et rigoureuse, pour poursuivre ses premiers grands élans vers des dynamiques pérennes et des nouveaux standards.
Le nylon écoresponsable à la conquête du marché
Alors, par lequel des multiples bouts de la chaine attaquer le problème ? Giovanni Henssen, manager du développement et de la sustainability du groupe Fibrant BV, qui a développé le nylon responsable EcoLactam®, est ferme : il faut l’attaquer par sa base. « Si l’on veut améliorer la durabilité des vêtements à base de nylon, il faut travailler sur le tricotage, la finition, le transport etc, mais pour faire un bond en avant, il faut commencer par source. » La composition même des fibres, donc, qui chez EcoLactam®, sont élaborées à partir de polymères à haute viscosité. « Le nylon est célèbre pour deux choses : ses propriétés techniques et son empreinte carbone, poursuit-il. Il représente 5% de la production mondiale de fibres, et le groupe auquel nous appartenons couvre 25% de la consommation de nylon. Si nous arrivons à multiplier les échelles, nous pouvons avoir un réel impact sur le marché. »
Le skinwear de demain sera éco-sourcé
Pour Serena Benedetti, fondatrice de la marque de skinwear Akimba, allier innovation et durabilité est à la fois un challenge et une formidable opportunité. « Il s’agit de trouver les bons partenaires, et que tout le monde y mette du sien pour comprendre et adopter collectivement de nouveaux process. » Avec Akimba, elle propose des produits à la croisée de la brassière et du soutien-gorge souple. Le maintien est assuré par une matière ultra stretch fabriquée à partir de graines de ricin, qui n’a rien à envier à ses équivalents synthétiques. Le plus : une technologie absorbante au niveau des aisselles, à base de bambou et de bois de hêtre. « Il faut partir du principe que rien ne peut être entièrement durable. Mais si l’on veut pérenniser la dynamique, il faut s’attaquer aux matières techniques. ». Autrement dit, le nerf de la guerre des vêtements de demain.
Le cuir au cœur d’un nouveaux circuit plus vertueux
L’un des sujets les plus sensibles quand il s’agit de penser la mode durable, la filière du cuir s’inscrit au croisement de industries textiles et alimentaires. Selon Jan Willem Richelmann, améliorer son empreinte carbone passera nécessairement par des réflexions de fond autour des économies locales et du bien-être animalier. Au sein de CBI, le Centre pour la Promotion des Imports pour les Pays en Développement, il travaille avec un groupe de 15 PME éthiopiennes dont il accompagne la transition vers des normes plus durables, pour intégrer le marché européen. « On a identifié de nombreuses qualités chez les moutons des hauts plateaux locaux, dit-il. Leur cuir est à la fois fin, souple, très doux et particulièrement résistant. Jusqu’ici les moutons n’étaient élevés que pour leur lait et leur viande, on utilise désormais aussi leurs peaux. » A la clé, un meilleur traitement du bétail, dont les peaux doivent rester intactes, mais également le soutien pérenne d’un commerce local géré à 80% par des femmes, prêt à s’exporter à l’international.
Trois exemples parmi beaucoup d’autres, qui chacun à leur manière illustrent une problématique de la chaine et qui témoignent, surtout, d’un principe désormais irrécusable : pour inscrire l’industrie toute entière dans une démarche circulaire, il faut en transformer simultanément tous les fronts, et ne jamais cesser d’innover.